jeudi 17 septembre 2009

La CFE-CGC est la première force syndicale de l'encadrement

Depuis plusieurs années, les discussions sur la représentativité syndicale et le dialogue social alimentées par les réflexions des rapports De Virville, Hadas Lebel et Chertier, par les poussées des syndicats non représentatifs qui contestent l’arrêté de 1966, par quelques employeurs et partis politiques, poussent la CFE-CGC à réaffirmer sa représentativité dans le paysage syndical français, européen et international.

Mais la messe est dite, ou à peu près, depuis la « position commune » du 8 avril et la loi du 20 aout 2008 sur la représentativité.

Cette position commune, puis la loi qui la transpose, consacrent définitivement la CFE-CGC comme partenaire incontournable des négociations collectives à tous les niveaux. Je ne reviendrai pas sur les avantages considérables par rapport aux autres organisations que cette loi nous propose, avantages d’ailleurs mis en avant par de nombreux experts, entre autres dans La négociation collective après la loi du 20 aout 2008 de Gilles Bedier et Henri José Legrand aux éditions Liaisons, qui n’hésitent pas à écrire page 69 « Ce très substantiel avantage accordé à la CFE-CGC pourrait susciter un débat sur la signification de l’épithète catégoriel accolé à ce syndicat…/… » ou encore qu’ « Il est surprenant que les parlementaires de l’opposition qui ont saisi le Conseil constitutionnel, n’y aient rien trouvé à redire au regard du principe d’égalité ».

Ils écrivent aussi dans la sous section 6 du cas spécifique des accords catégoriels page 168 du même ouvrage : « Comme l’avait fait la position commune, il (le code du travail) réserve un sort exorbitant du droit commun à la CFE-CGC, seule organisation syndicale catégorielle susceptible d’être représentative au plan national. Elle seule en effet bénéficie de voir apprécier sa représentativité en fonction d’une audience électorale mesurée par rapport aux seuls collèges de l’encadrement (la section encadrement, elle, a obtenu 27,8% des suffrages aux prud’homales du 3 décembre 2008). La légitime reconnaissance qu’aurait pu avoir cette organisation ne l’a pourtant pas conduite à signer la position commune. »

Malgré tout, malgré la non signature de la position commune, malgré un acharnement à vouloir à tout prix nous marier avec des organisations généralistes qui nous relègueraient au droit commun des autres syndicats, la loi s’applique désormais et nous garanti notre représentativité nationale interprofessionnelle (sous réserve de l’atteinte des seuils requis).

Il faut remarquer, à cette étape, que si le pouvoir politique avait voulu notre disparition, ou même que nous nous rapprochions d’autres organisations syndicales dans des desseins inavoués ou inavouables de recomposition dirigée du paysage syndical national, il lui aurait été facile de simplifier la position commune parce que nous ne l’avons pas signée, dans une loi plus égalitariste, ce qui par ailleurs aurait également permis de faciliter le décompte des voix pour les calculs compliqués qui doivent conduire à l’examen de la représentativité en 2013. La loi, dans son application, est complexe à cause de notre spécificité catégorielle !

Mais le législateur a transposé avec diligence et précision la position commune dans une loi encore plus favorable à la CFE-CGC puisqu’elle exclu désormais les critères de temporalité qui limitaient, à une durée indéterminée, la durée de sa représentation catégorielle.

Nous pouvons donc en conclure, qu'un grand nombre de parties prenantes (politiques, syndicats, employeurs) compte sur la CFE-CGC dans sa forme actuelle pour enrichir la négociation collective, en ayant résisté aux lobbies d’autres organisations syndicales intéressées par notre électorat ou par une frange d’employeurs peu conscients de l’intérêt d’une représentation spécifique du personnel d’encadrement.

Les interprétations ou les bruits de couloir faisant état d’une pression quelconque d’un conseiller social à la présidence de la république pour la constitution d’une force syndicale généraliste et réformiste composée des restes de la CFE-CGC et de l’UNSA par exemple, ne sont donc pas logiques en plus d’être non avérés.

Pour clore avec ce débat sur les conséquences de la nouvelle loi, juin 2013 sera le moment de vérité pour toutes les confédérations syndicales : passeront-elles le cap des 8% ou pas et donc comment se négocieront les accords interprofessionnels nationaux par la suite ?

Les résultats acquis des élections professionnelles et ceux des prud’hommes font dire aujourd’hui avec quasi certitude :

- Il n’y aura pas de nouvel entrant

- Il y aura probablement et malheureusement un sortant

- La CFE-CGC peut être sereine (sans toutefois s’endormir sur ses lauriers)

Mais dans le cas de la perte de sa représentativité catégorielle, les jeux seraient alors faits, et même avec le renfort éventuel de l’Unsa et de la CFTC, l’évaluation obligatoire sur 3 collèges de la nouvelle organisation n’assurerait pas le franchissement des seuils de 8 % dans chacun des 4 domaines prévus par le législateur, à savoir :

- L’industrie

- Le commerce

- La construction

- Les services.

Notre projet est de consolider notre première place d’organisation syndicale interprofessionnelle de l’encadrement en nous appuyant sur notre représentativité spécifique et catégorielle désormais confirmée par la loi.

12 commentaires:

  1. Philippe,
    bravo pour ton Blog et cet article.
    Puissent celles et ceux qui souhaiteraient voir absorber la CFE-CGC par des OS généralistes, consacrer leur énergie à la défense de nos adhérents et au développement de la CFE-CGC

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  2. Bonne nouvelle que la création de ce journal du Président de la CFE-CGC Chimie.
    Cette analyse me parait pleine de bon sens!
    Le plus dur sera sans doute de la faire partager aux apprentis despotes qui président (ou espèrent présider) nos organisations.

    Gjn

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  3. et les salariés dans tout cela ? ce n'est pas un président ou des présidents qu'ils veulent, mais des emplois, des conditions de travail correctes, et surtout des emplois, un syndicaliste de la CFE CGC il défend les salariés, tous les salariés, pas seulement ceux de l'encadrement, et dans l'encadrement il y a aussi nombre d'agents de maitrise à représenter, ne les oubliez pas ceux-là ils votent aussi !

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  4. Tu as raison de dire qu'un vrai syndicaliste défend tous les salariés, même et surtout s'il est à la CFE-CGC et bon nombre de salariés ne s'y trompent pas et viennent nous voir même s'ils n'appartiennent pas aux collèges que nous représentons. Et nous les défendons avec plus de succès souvent que nos collègues d'autres organisations généralistes.
    La CFE-CGC représente spécifiquement le personnel d'encadrement qui est défini par agents de maitrise et techniciens et ingénieurs et cadres, mais défend tous les salariés !

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  5. Combien de temps le syndicalisme catégoriel durera. Arraché à la dernière minute lors des négociations sur la représentativité nous sommes en sursis. Alors cela peut-être suffit-il pour ceux qui ont encore quelques années à faire et se disent qu’après eux on se débrouillera mais ce n’est pas mon cas.J’ai 44 ans, je suis adhérent depuis 16 ans, je suis militant et actif sur le terrain, je le fais par conviction et avec énergie. Ce n’est pas sans risque, dans 10, 15 ou 20 ans quand je serai encore en activité et que beaucoup d’entre vous aurez bu la coupe jusqu’à la lie que nous restera-t-il?

    Votre calcul, M. Jaeger, est très théorique! Notre positionnement, notre message, notre image, notre histoire (dont je suis fier) ne ratisse pas suffisamment large, en particulier dans le collège 2. Même chez les cadres nous avons été menacées pendant des années par la CFDT et c’est avec bien du mal que nous sommes revenus à la 1er position lors des dernières élections prud’homales. Vous me direz que ce n’est pas cette élection qui a été retenue pour la mesure de la représentativité et heureusement mais cela montre notre fragilité. Alors certes, il n’y a pas urgence à nous marier mais vous vous trompez si vous pensez que nous sommes déjà cette 3e force syndicale dans le paysage français. Beaucoup trop de nos syndicats et fédérations se considèrent surtout comme la CGC alors que cela fait bientôt 30 ans que nous sommes CFE-CGC ! Pour cette raison parmi beaucoup d’autres, nous ne ratissons pas assez large surtout dans le 2e collège. Le personnel d’encadrement augmente mais avec cette augmentation on assiste aussi à une « prolétarisation » de l’encadrement. Si nous n’arrivons pas à devenir le syndicat des classes moyennes et pas seulement le syndicat des cadres, alors nos jours sont comptés.

    On aurait aimé croire que cette révolution puisse venir de l’intérieur mais à l’évidence après 30 ans de CFE-CGC nous n’y sommes pas arrivés et cela ne durera pas encore 30 ans comme cela. Même si nous arrivons à garder la loi sur la représentativité en l’état, les mouvements d’effectif que vous observez au lieu d’être une opportunité représentent quand même une menace pour la CFE-CGC sur son propre terrain. Puisque nous n’arrivons pas à faire cette transformation de l’intérieur, il faudra bien que nous trouvions des alliés. Il n’y a peut-être pas « le feu au lac » mais l’isolationnisme que vous nous proposez est loin des réalités de terrain que je vis tous les jours (pourtant je suis dans une grande entreprise composée à 95% de cadre et à 100% d’encadrement) mais peut-être est-elle suffisante aux court-termistes qui ont besoin de tenir encore 5 ans.

    Génération 68, réveille-toi et ne nous entraine pas dans tes égoïsmes ! Le syndicalisme qui nous motive nous « les jeunes » c’est aussi pour les générations futures, pour nos gamins, alors pensez un peu à nous, pensez surtout à eux. Ce sont vos petits enfants et ça ne va pas être facile pour eux… ! J'espère que vous posterez ce message sur votre blog.

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  6. L'analyse de l'anonyme du 25 09 aurait été plus intéressante si elle était étayée de propositions mieux structurées. On ne voit pas la finalité alternative. Il me semble que l'électorat naturel de l'encadrement (cadres, maîtrise et techniciens) justifie le maintien de notre spécificité. Se diluer entrainera de facto la disparition des valeurs de la CFE.CGC
    L'exemple des mégas fusions est là pour rappeler les échecs des intégrations (prenez comme exemple Pechiney).
    Par ailleurs des alliances sur le terrain se vivent tous les jours et ce n'est pas parce que la CFE.CGC resterait un syndicat catégoriel que cela changerait la donne.
    Il me semble que le potentiel de développement au sein de l"encadrement est largement suffisant pour assurer une réelle croissance de nos militants et une réelle audience de la CFE.CGC, encore faut-il que sa direction confédérale soit audible et ait un réel projet face à la situation actuelle.

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  7. En réponse à votre commentaire, vous regrettez de ne pas voir un développement plus important de notre organisation dans le deuxième collège depuis 30 ans que nous avons associé CFE et CGC. C'est vrai et c'est dommage mais pourtant aujourd'hui 50% de nos adhérents sont dans le 2eme collège et heureusement pour notre organisation car ils militent souvent!

    Avouez qu'il serait triste que les adhérents CFE soient délaissés dans une association avec des syndicats généralistes dans laquelle seule la CGC garderait une représentativité catégorielle spécifique pour les cadres.

    Ce n'est pas ma vision pour la CFE-CGC du futur, je l'avoue !

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  8. Merci pour ce blog, nouvelle façon de dialoguer.
    Que penser d'un syndicat lorsque, de l'intérieur, on a l'impression d'une guerre des fédérations où le pouvoir des hommes pourrait sembler plus important que le sort des salariés.
    Je reste convaincu que les membres de notre syndicat, qui sont bénévoles, ont tous beaucoup donné et qu'il faudrait peut-être réveiller les fougues de leur début au syndicalisme.

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  9. Je suis l'anonyme du 25/09. Vous me reprochez mon manque de propositions et d'alternatives. Je ferai simplement remarquer que ce blog n'est pas le mien et que je n'y trouve pas beaucoup d'idées non plus. Mon seul message est seulement de dire que ce que nous propose M. Jaeger, cad "ne changeons rien, tout va bien...!" ne correspond pas à la réalité d'un monde en mouvement.

    M. Jaeger je sais trés bien que 1 adhérent sur 2 à la CFE-CGC est issu du collége 2 mais ce n'est pas comme cela que se mesure la représentativité vous le savez bien et ce n'est donc pas suffisant...! Cela montre uniquement que nous avons des valeurs qui vont au-delà de la CGC et qui nous différencient de la CGT et de la CFDT et qui probablement peuvent même aller au-delà du collége 2. L'erreur serait de croire que ces valeurs sont uniques et spécifiques à l'encadrement, ce qui dans l'esprit commun veut dire les cadres. C'est ainsi que nos adversaires les plus farouches se servent de notre propre identité pour en faire un épouvantail. Mettre en œuvre cette plateforme de valeurs et ce projet ce n'est pas seulement l'affaire d'un changement de nom, éternel débat à la CFE-CGC. Il ne s'agit plus seulement de repeindre la façade mais d'avoir un véritable fond de commerce.

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  10. Il est c'est vrai difficile de regarder la réalité en face.
    Il est c'est vrai difficile de parler d'offre et de marketting syndical.
    Actuellement plus de 6 organisations défendent l'ensemble des salariés. Une seule s'occupe plus particulièrement de ceux qui engagent plus qu'eux même. Est ce trop ? Il est clair que beaucoup ont intérêt à voir disparaître le syndicalisme d'encadrement et peut être le patronnat en premier lieu. Un modèle libéral à l'anglosaxonne qui interdise comme aux USA aux cadres de se syndiquer, voilà sans doute ce que certains souhaitent! Il faut sans doute que tout le monde le sache.

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  11. bravo il faut continuer ,
    courage

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